Lire Matisse. La pensée des moyens

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ד"ר דומיניק לוי-איזנברג
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La peinture est une opération de passage. Elle assure la circulation des affects, le passage de l'affect à l'affect. De cette circulation, le texte matissien occulte les traces, ne laissant affleurer que celles, abruptes, d'un mouvement, celui que signale, dans les premiers textes, l'établissement d'équivalences entre des termes d'acceptation différentes, puis la substitution d'un mot à l'autre. À sensation et à ses équivalents - émotion et sentiment - se substituent expression et affect non humain. Une fois posée la nécessité du passage, s'impose celle d'une procédure qui permettra au peintre d'en baliser le parcours, d'en régulariser le cours, de tirer parti d'un procès de qui sa nature même, éludera toujours celui qui en est à la fois le siège et l'agent. Penser, pour un peintre, consiste alors à acquérir le savoir et à élaborer la méthode qui font de la peinture le passeur de l'affect, convoyant ainsi ce vécu vers celui que le peintre soutire à la peinture pour en faire, sous le nom d'expression, son substitut. C’est le travail de la pensée des moyens que de négocier ce délicat passage, de reporter les données de ces deux registres - les données du modèle, l’effet qu’elles produisent sur le peintre sous la forme des sensations et de l’émotion - vers un troisième, qui leur est radicalement étranger, celui des rapports de matière configurés sur un support, le tableau. La pensée des moyens serait alors cette séquence d’expérimentations auxquelles se livre le peintre à même la toile et dont le but explicitement désigné par Matisse est de reconstituer - dans l’organisation de la matière picturale, dans le système ouvert des rapports - les sensations qu’a éveillé en lui l’objet du désir - l’affect plaisir.

תאריך עדכון אחרון : 04/12/2022