Le Faune revisité –Figures du souhait dans L’Après- midi d’un faune
La lecture que l’on se propose de faire ici vise à étudier la configuration du désir dans L’Après-midi d’un faune comme l’effet des modes contradictoires de la fiction inscrite par Mallarmé dans l’agencement du poème. Du fait qu’elle est inscrite à plusieurs reprises et sur différents registres dans le monologue dit par le faune, cette fiction – le dispositif spéculaire – configure la représentation du désir, dans le récit qu’il demande à en faire, comme une entreprise velléitaire. Répondant à une nécessité impérieuse, celle qui veut que le désir se fraie un chemin dans le dit afin d’y assurer la restauration ou l’intelligibilité d’un évènement dont l’appréhension première reste douteuse, cette entreprise poétique est tenue en échec par par le procès même qui vise à en assurer le succès. Les figures du souhait sont l’agent de cette manœuvre. Tout à la fois figures du discours, figures de chair et dénominations fabuleuses, elles indiquent et en dessinent les contours mais, fuyantes, elles jettent le doute dans l’esprit du faune qui les écartent tour à tour. Abusant ses sens et son esprit, elles ne satisfont pas au désir qu’a le désir de se contempler, défiguré, en une image informe. La figure du doute, au travail dans la négativité des propos que tient le faune - perturbe d’entrée de jeu le récit de ses amours. Elle en interrompt le cours remémoratif et commémoratif et entraîne le faune dans des considérations sur les duperies de son art, la duplicité de son discours, les formes changeantes d’une nature qui élude son jugement, des digressions qui le détourne moins du désir et des nymphes qu’elles ne lui permettent d’y engager et d’y déployer, avec profit, les ressources de la dénégation.
תאריך עדכון אחרון : 04/12/2022